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Philippe Codron : "céder son exploitation, ça se prépare"

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Photo : Johan Ben Azzouz

"A 60 ans, j'ai la possibilité de prendre ma retraite. Mais mon outil de travail, c'est tout ce que j'ai. Je recherche quelqu'un de passionné qui aime le contact humain et les échanges. Je veux que mon repreneur ait la pleine notion de travail et de plaisir. Quitte à donner un petit coup de main le temps de l'installation"

Quand arrive l’âge de la retraite, céder son exploitation est toujours un crève-cœur pour un agriculteur. Car aujourd’hui, transmettre le fruit du travail de toute une vie se fait de moins en moins dans le cercle familial.

Selon le dernier recensement agricole de 2020, seulement 31% des exploitations en Hauts-de-France sont transmises au sein de la famille. Or, étant donné la pyramide des âges (42 % des chefs d’exploitations ont plus de 55 ans), c’est près de 39 % de la surface agricole utile régionale qui est potentiellement transmissible dans les dix ans. À l’image de la jolie exploitation de Philippe Codron à Cucq. Un peu plus de six hectares de cultures maraîchères en production, qu’il vend sur le marché du Touquet, 4 000m2 de serres, un parc de matériel complet, et surtout un important local de 300 casiers en distribution automatique qui connaît un vrai succès.

« À 60 ans, j’ai la possibilité de prendre ma retraite. Mais mon outil de travail, c’est tout ce que j’ai. »

Je représente la quatrième génération de maraîchers de la famille. J’ai repris en direct en 1989, j’ai beaucoup investi en 1997 pour créer ma propre vente directe, le Jardin des sables, puis en 2018 pour créer ce point de vente en casiers automatiques. J’emploie 3 CDI et 3 CDD saisonniers. À 60 ans, j’ai

la possibilité de prendre ma retraite. Mais mon outil de travail, c’est tout ce que j’ai. Mes enfants ont choisi une autre voie que l’agriculture. Céder mon exploitation, c’est donc important, et ça se prépare. Car je recherche quelqu’un qui connaisse les spécificités du métier de maraîcher en vente directe. Aujourd’hui, dans les écoles, on forme des agriculteurs plus préparés à aller travailler en grosses fermes légumières. Nous, on travaille avec une clientèle bien spécifique. »

Pour sa cession, Philippe Codron s’est donc tourné vers la Chambre d’agriculture et ses conseillers RDI (répertoire départ installation). Cette mission de service public confiée aux chambres d’agriculture offre un accompagnement complet à la transmission des exploitations agricoles : de l’expertise foncière déterminant la valeur du bien, en passant par l’aide à la rédaction de l’offre, la diffusion des annonces sur le répertoire de la Chambre, la sélection des candidats, etc. « C’est un gain de temps, une garantie et une sécurisation dans la transmission. » Philippe Codron s’est donné jusqu’au 15 mars pour examiner toutes les candidatures. « Je recherche quelqu’un de passionné qui aime le contact humain et les échanges. Je veux que mon repreneur ait la pleine notion de travail et de plaisir . » Quitte à donner un petit coup de main le temps de l’installation.

Depuis la publication de l’annonce au RDI en novembre. Monsieur Codron a reçu plusieurs candidatures écrites pour la reprises de son outil de travail. Parmi elles, 3 candidatures sont « retenues » et des rencontres sont planifiées pour étudier les faisabilités des projets en mai.

Auteur : Jean Marc Petit, La Voix du Nord, 20/02/23