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Les femmes apicultrices sont de plus en plus nombreuses

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Hélène Hébert-Fiers est apicultrice à Hoymille dans le Nord.

Terres et territoires | 09-03-2020 | Lauren Muyumba

Lunettes, jean, baskets… Hélène Hébert-Fiers s’avance d’un pas décidé. À la Miellerie du Zyckelin, dans les Flandres, elle est chez elle. Elle s’est installée au sein de la ferme familiale, où travaille également son frère, qui a repris l’exploitation des terres, et son mari.

Entrepreneuse dans l’âme et passionnée par l’apiculture, Hélène Hébert-Fiers a su trouver un équilibre entre vie personnelle et professionnelle. À 37 ans, elle est mère de deux enfants. Son mari, Mathieu, elle l’a rencontré lorsqu’ils travaillaient tous deux dans le journalisme.

Inspiration familiale

Son père, ancien polyculteur-éleveur aujourd’hui retraité, avait mis en route une petite activité apicole de 70 colonies. « Grâce à cette diversification, j’ai pu ouvrir mes premières ruches à la ferme familiale en 2009. La complexité du travail d’apicultrice m’a attiré. J’aime les abeilles et l’activité de production m’intéresse, de l’élevage des reines jusqu’à la vente du miel », raconte Hélène qui choisit alors de quitter l’univers de la presse.

L’année 2011 est un tournant : elle obtient un BPREA (Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole) après deux ans de formation et une saison chez un collègue de l’APPNP, le principal réseau professionnel apicole du Nord de la France. [...]

Retour aux sources

En 2015, elle choisit de s’installer (avec les aides nationales note du PAIT) en entreprise individuelle au sein de la ferme familiale. C’est à la fois une reconversion professionnelle et un retour aux sources. « La reconversion dans l’apiculture est plus accessible, pas techniquement mais économiquement parlant », témoigne-t-elle en rappelant que le matériel est moins coûteux que celui d’autres filières agricoles.

L’essentiel de la vente de sa production se fait en « demi-gros » dans des magasins de producteurs, magasins à la ferme ou épiceries. Elle dispose aussi d’un point de vente directe à la miellerie. En revanche, elle propose peu de vente d’essaims d’abeilles.

Les reines sont élevées « principalement pour renouveler le cheptel, souligne Hélène qui continue de tenir les rênes, sans rien lâcher. L’activité de producteur est très chronophage. Seule, ça ne devenait plus tenable ». De fait, son mari Mathieu l’épaule depuis 2019, après avoir lui aussi effectué une reconversion professionnelle.

Transhumance

À la tête de 350 colonies, Hélène et Mathieu sont apiculteurs sédentaires et transhumants, ce qui consiste à déplacer les ruches pour diversifier la production. Celles-ci sont réparties sur une quinzaine d’emplacements dans les Flandres et en Picardie : « transhumer nous permet de produire différents types de miel et en volume suffisant pour pouvoir vivre de notre activité ». Ils produisent ainsi entre 8 et 13 tonnes de miel par an.

« Le développement de l’exploitation a été plus rapide qu’espéré. Même si le nord de la France n’est pas une région traditionnellement apicole, il y a un fort potentiel, notamment en Picardie avec le miel de tilleul », relève la présidente de l’APPNP qui œuvre pour que ce miel mono floral, intense au niveau du goût, soit reconnu IGP (Indication géographique protégée).

Hélène est sur tous les fronts en s’investissant depuis plusieurs années au sein de l’APPNP. Ce fut un autre conseil de son père : intégrer ce réseau dont il faisait lui-même partie. « L’apiculture, c’est aussi de l’humain. On ne peut pas exercer ce métier sans se former auprès des confrères et sans échanger avec eux », explique Hélène qui est passée du statut d’adhérente de l’APPNP à celui de présidente récemment.

Elle vient d’ailleurs d’être réélue par le conseil d’administration le 7 janvier 2020 à Bergues (59) pour une durée d’un an. « Nous étions deux adhérentes à mon arrivée, aujourd’hui il y en a presque dix. Les femmes apicultrices sont de plus en plus nombreuses », observe-t-elle.