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"Je le laisse vivre son aventure"

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Pierre Raviart a cédé sa ferme en polyculture élevage avec transformation et vente directe en juin 2022 à Christophe. La première fois que Pierre a songé à la transmission de son exploitation, c’était en 2017. Alors qu’il se séparait de son associé, il s’est posé la question du devenir de son exploitation notamment parce qu’il n’avait de repreneur en famille.

Trouver un repreneur hors du cadre familial

Christophe a été salarié pendant 4 ans dans la CUMA où Pierre était adhérent. C’est ainsi qu’ils se sont rencontrés. « Il y avait une bonne alchimie entre nous ». Pierre s’est dit que Christophe pouvait être la bonne personne. Sa volonté ? « Eviter le démantèlement de l’exploitation, garder une exploitation au sein du village et surtout, permettre à un jeune de s’installer. »

Faire la démarche de chercher un repreneur hors du cadre familial est un choix personnel. Ça peut être un long cheminement avant que ça aboutisse. Il est au courant de devoir rencontrer plusieurs candidats avant de faire la bonne rencontre. Il faut avoir bien préparé le projet de transmission, en avoir parlé avec la famille, les associés pour que la mise en relation se passer du mieux possible. Il est possible de se faire accompagner par des conseillers transmission pour identifier tous les scénarios possibles. Mais ça sera toujours au cédant de faire son choix en étant bien avisé des solutions possibles.

Lâcher prise pour laisser sa place

Avant de reprendre, Christophe a été salarié sur l’exploitation de Pierre pendant 5 mois. « On sentait que ça pouvait fonctionner ». « J’ai géré seul trop longtemps. On ne raisonne plus pareil quand on a 40 ou 60 ans. Les responsabilités, le travail sur l’exploitation, … c’est agréable de passer la main. » La communication et la transparence sont des points essentiels pour réussir cette période de transition, de cohabitation. Il est important d’expliquer l’histoire et les stratégies prisent sur l’exploitation pour que ces choix puissent être compris. La confiance qui s’instaure entre les deux parties est essentielle pour réussir à laisser sa place.

Pendant ces 5 mois, « c’est moi qui prenais les décisions, mais je le concertais. ». Au 1er juin 2022, « c’est lui qui est passé gérant. Mais il peut toujours me demander conseil. C’est un travail à faire sur soi-même pour ne pas mettre son grain de seul, leur laisser vivre leur aventure, leur expérience. Ce n’est pas toujours évident car les repreneurs ont une autre façon de travailler, peut-être mieux, mais qui n’est pas la nôtre. Faut prendre du recul et ça passe ».

Aujourd’hui, Pierre vient toujours faire un tour sur l’exploitation et donner un coup de main si besoin. « Parfois, j’y pense de ne plus y aller mais ce n’est pas encore prévu (rires). J’ai des engagements à côté qui me permettent de m’occuper ».

Un prêt cédant comme financement

« Christophe s’est vu refusé le financement auprès des banques car il n’avait pas de garanties. Un organisme de caution extérieur coûtait trop cher. » Cette situation amène le cédant à proposer au repreneur un prêt cédant et en souscrivant à une assurance. « C’est un risque à prendre, mais c’était la seule solution pour installer au jeune. J’aurais pu choisir un repreneur au plus offrant, mais ce n’était pas ma volonté. » Le prêt a été travaillé en concertation avec le centre de gestion afin de prévoir le meilleur étalement des remboursements. « Il a été défini un prêt sur 15 ans avec une échéance de remboursement mensuel. Les prélèvements privés nécessaires à Christophe ont été pris en compte. » Pour Pierre, il était indispensable de rendre financièrement possible la reprise de Christophe.

Article rédigé par Pauline Singez, Chambre d’Agriculture

Suite à la journée des partenaires du PAIT du 07 février 2023 à Lecelles sur le thème « 5 clés pour réussir sa transmission »