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Flandre. Ils donnent de la hauteur au houblon bio

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Édouard Roussez et Marc Chenut ont planté 26 variétés de houblon sur une parcelle d’un peu plus d’un hectare à Morbecque (59). Un test pour trouver des variétés susceptibles d’être conduites en bio.

TERRES ET TERRITOIRES | 26 OCTOBRE 2018 | VINCENT FERMON

Trois ans, c’est la durée qu’il faut attendre pour qu’une houblonnière atteigne son niveau optimum de rendement, mais c’est aussi la durée de l’expérimentation conduite par deux néohoublonniers du Nord. En 2017, Édouard Roussez et Marc Chenut ont planté 26 variétés de houblon sur une parcelle d’un peu plus d’un  hectare à Morbecque (59). Leur but ? Tester des variétés susceptibles d’être conduites en bio et adaptées aux conditions climatiques du Nord de la France.
« Actuellement, on a plutôt tendance à planter des variétés anglaises ou allemandes, mais elles ne sont pas forcément adaptées à notre terroir et ce n’est pas satisfaisant », témoigne Édouard Roussez pour qui l’essor de la brasserie régionale doit pouvoir s’appuyer sur une production locale des matières premières ; de toutes les matières premières.
Le 4 octobre, à l’initiative d’A Pro Bio, de Bio en Hauts-de-France et de Houblon de France, une vingtaine de participants sont venus profiter de l’expérience d’Édouard Roussez et de son associé. Cette rencontre était aussi l’occasion d’effectuer un panorama de la filière brassicole française et de la production de houblon, plus particulièrement bio. Il y a aussi été question de la production d’orge et des essais réalisés en région, ainsi que de la réflexion conduite au sein de la filière brassicole régionale avec le pole d’excellence Agroé pour sensibiliser les brasseurs à l’écoconception.

UN POTENTIEL EN BIO COMME EN CONVENTIONNEL

À raison de 250 grammes de houblon par hectolitre de bière fabriquée par les brasseurs des Hauts-de-France, il faudrait chaque année 1 953 tonnes de houblon pour satisfaire leurs besoins, soit environ 1 300 hectares. Or, à ce jour, la région n’en compterait qu’environ 25 hectares cultivés par des agriculteurs réunis au sein d’une coopérative, la Coophounord.
L’un des freins à son développement dans la région, comme à son utilisation, est l’absence d’unité de pelletisation pour la transformation. La production de  houblon bio est quant à elle encore plus faible, puisqu’en France, on recense 21 exploitations houblonnières certifiées. Cette production de houblon bio est principalement développée par des producteurs de plantes à parfum, aromatiques ou médicinales, voire par quelques microbrasseries en autoproduction. Le principal producteur de houblon bio se situe en Alsace, avec 30 hectares convertis.

UN COÛT D’INVESTISSEMENT CONSÉQUENT

À Morbecque, au pied des mats verticaux en bois de la houblonnière bio expérimentale, les participants à cette première rencontre ont ensuite pu appréhender la technique houblonnière, suivant les conseils d’Édouard Roussez et de Marc Chenut. L’un des premiers paramètres à prendre en compte lorsque l’on souhaite se lancer dans la production de houblon est le prix de l’investissement. Entre l’installation de la future houblonnière, le matériel nécessaire à la culture puis à la  récolte, le coût varie de 70 000 à 90 000 euros par hectare. En termes de temps de travail, l’entretien d’une houblonnière demande quelque 250 heures enculture conventionnelle pour environ le double (500 heures) lorsqu’elle est bio. Le chiffre d’affaires est évalué quant à lui autour de 18 000 euros par hectare de houblon  conventionnel, contre 22 000 euros pour un hectare de houblon bio.


Du côté de Houblon de France, l’association présidée par Édouard Roussez, on estime qu’une houblonnière bio de 5 hectares dégagerait un revenu positif à partir de la cinquième année d’exploitation. La durée de vie de la structure est d’environ 20 ans. En ce qui concerne les pieds de houblon, le seul facteur contrariant leur durée de vie est leur sensibilité aux maladies. Les premières observations montrent que les principaux points de vigilance autour du houblon bio sont le risque mildiou, les attaques d’oïdium, ou de ravageurs tels que l’araignée rouge ou le puceron. C’est la Fredon Nord-Pas de Calais qui est actuellement chargée d’effectuer les relevés sur chacune des variétés, puis de dresser les profils aromatiques de chacune d’elle dans le cadre d’un projet coordonné par A Pro Bio et financé par l’agence de l’eau Artois-Picardie.