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Atelier de multiplication porcin cherche son nouvel éleveur

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Depuis trente-trois ans, Agnès Boone-Duacheux exerce avec passion son métier d’éleveuse porcin spécialisée en multiplication, près de Moreuil. À l’aube de la retraite, elle espère pouvoir transmettre son bébé à une personne aussi motivée qu’elle.

Trente-trois ans après son installation dans sa porcherie, à Hargicourt (hameau de Trois-Rivières), près de Moreuil, Agnès Boone-Duacheux parle toujours de ses cochons avec autant d’avidité. «Je me suis éclatée dans mon métier et je m’éclate encore. Mais à soixante-deux ans, il est temps de penser à la reprise», confie-t-elle. Ses enfants ayant pris d’autres chemins que celui de l’élevage, elle s’oriente donc vers la transmission hors cadre familial.
La multiplicatrice de cochettes exerce une activité bien spécifique. Il s’agit d’une activité hors sol, dans un bâtiment moderne de 2001, construit sur un terrain d’un peu plus d’un hectare. Trois personnes à temps plein vivent de ce cheptel de 250 truies. Chaque semaine, les meilleures cochettes qui y naissent prennent la direction des élevages porcins, la plupart à destination des élevages de la région, mais aussi de Bretagne, d’Allemagne et de Belgique.
Ce qui lui plaît autant ? «La génétique est fascinante. En six mois de temps, les progrès sont bien visibles», assure-t-elle. Elle fait partie du schéma génétique Axiom, pour qui elle multiplie la Youna. «Cette truie calme présente une forte prolificité, une bonne longévité, et elle est très fertile. C’est une bonne laitière, dotée d’excellentes qualités maternelles», note-t-elle. Déceler ces qualités fait partie de son métier. «Un technicien du schéma génétique vient régulièrement pour passer en revue les critères des animaux : aplombs, tétines… Moi-même, je vérifie cela au fur et à mesure de la croissance des animaux.» Agnès se définit «rigoureuse et perfectionniste». «En élevage porcin, on n’a pas le droit aux erreurs sanitaires et techniques», prévient-elle.

Pas de place pour l’ennui

Cette activité ne laisse pas de place à l’ennui. L’élevage porcin est très cyclique : une gestation de trois mois, trois semaines et trois jours pile poil, un sevrage à vingt-huit jours, un départ des cochettes vers cent-soixante-dix jours… «Mais quand on travaille avec du vivant, rien n’est écrit d’avance !» Ces animaux lui rendent bien son implication. «Les cochons sont très attachants. Récemment encore, j’ai soigné quotidiennement une cochette qui s’était blessée pendant le transport. Elle est très proche de moi désormais.»
Dans ce métier, la polyvalence est de mise. Agnès est presque vétérinaire. «Il faut savoir observer. Je repère très vite l’animal qui a un problème, et je lui prodigue les soins nécessaires.» Elle est aussi commerciale. «Tel éleveur souhaitera des cochettes plutôt lourdes, alors qu’un autre les attend plus légères, ou plus ou moins âgées… Je dois répondre à ces demandes.» Il faut aussi être un peu bricoleur, pour assurer le bon fonctionnement du bâtiment, un peu intéressé par la technologie, notamment pour s’approprier le système d’alimentation informatisé… Le travail en équipe est un autre avantage. «Nous prenons le café à 10 h chaque matin pour faire un point, discuter d’élevage mais aussi de notre vie. C’est très convivial.»

Difficile, malgré ces avantages, de séduire un nouveau repreneur. «L’élevage porcin souffre d’une méconnaissance totale. On imagine encore l’éleveur qui patauge dans la crasse.» La crise que subit la filière porcine en ce moment n’aide pas. Mais Agnès Boone-Duacheux assure que son activité est plus que viable économiquement. «Le bâtiment est en bon état, le troupeau est renouvelé… Il n’y a qu’à enfiler la combinaison pour poursuivre !» Son idéal serait d’établir une période de transition pendant laquelle elle pourrait épauler le ou la repreneuse. Avis aux motivés.

Autrice : Alix Penichou pour l'Action Agricole Picarde

Retrouver l'article sur le site de l'Action Agricole Picarde en cliquant ici.