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Armand Paruch, repreneur à Méaulte (Somme)

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Viable mais surtout vivable !

 

Extrait de LA POMME DE TERRE FRANÇAISE | N° 618 | JUILLET-AOÛT 2018
Thierry Becqueriaux

Entre père et fils, la transmission a été progressive et en totale confiance, mais dans un contexte familial tendu. Le jeune agriculteur devrait être définitivement installé en janvier 2019. Comme tous les JA, il défend le pouvoir décisionnel du chef d’exploitation.

Armand Paruch a son franc-parler. À 33 ans, ce jeune agriculteur croque la vie à pleine dent. Sans la moindre appréhension, ni la moindre réticence. Cet ancien responsable JA des Hauts-de-France veut épouser le métier comme il en a toujours rêvé. Mais avec une qualité de vie comparable à celle de son entourage. Bien avant son installation, il partageait déjà le travail de  l’exploitation avec son père, Thierry. Armand a choisi la culture, lui laissant l’élevage laitier. Son installation s’est faite  progressivement depuis avril 2015. Mais dès les premiers jours de 2019, les choses changeront : il sera définitivement installé et prendra la succession de son père, à Méaulte (80).

CINQ ANS DE MISÈRE

“Mon père et moi avons toujours travaillé en toute confiance”, explique-t-il. Depuis l’obtention de son bac STAE en 2004, Armand a accumulé les expériences sur le terrain, surtout dans le secteur de la pomme de terre, avant de revenir sur l’exploitation comme salarié en 2011. À la suite d’un différend familial qui a provoqué la partition de l’exploitation de 250 ha avec 600 000 litres de quota laitier, ils ont vécu une période extrêmement difficile entre 2007 et 2011. “Et si mon père a vécu cinq ans de misère, c’est pour moi. Pour que je m’installe au mieux”, confie celui qui a été responsable “installation” chez les JA 80 de 2009 à 2012, puis secrétaire général et président avant d’être élu à la présidence des JA des Hauts-de-France. Il a passé le témoin depuis peu, avouant que cumuler une telle responsabilité syndicale avec la reprise de l’exploitation devenait de plus en plus incompatible.

“EN 2027, LE BÂTIMENT SERA À MOI !”

“Nous avons fait le choix depuis très longtemps d’une transmission progressive de l’outil de travail. Nous sommes dans une relation quasi fusionnelle”, avoue-t-il. Entre père et fils, la transmission se fait donc en douceur. Une façon d’amortir le choc financier, de digérer les premiers emprunts, mais surtout de commettre le moins d’erreurs possible. C’est ainsi qu’Armand Paruch a repris 44 des 125 ha de l’exploitation, les prêts de son père (notamment du matériel comme l’enrouleur, le déterreur, l’irrigation…), installé un bâtiment de stockage pommes de terre sur une parcelle cédée par son père en investissant dès le départ 160 000 €, dont 60 000 € de matériel. “En 2027, il sera à moi !”, lance-t-il fièrement. D’ici là, il entreprendra sûrement de nouveaux investissements pour améliorer la ventilation. En attendant, ses dernières Russet Burbank stockées depuis la récolte sont parties pour McCain avec lequel il travaille à 100 % depuis l’origine.

QUALITÉ DE VIE

Membre de la Commission d’orientation agricole de son département, il est intarissable sur ce qui se passe sur le terrain ! “Parfois, on ne se fait pas de cadeaux entre frères et soeurs au moment de la transmission”, expliquet-il. Ce n’est pas le cas dans la famille Paruch. Sur ces terres situées au nord du plateau picard, où les conflits familiaux ne sont pas rares et où transactions et reprise de foncier se pratiquent à des niveaux parfois indécents, elle ferait presque figure d’exception. “Pour éviter les questions de « dessous-de-table », la fiscalité envers les cédants serait sûrement à améliorer”, estime-t-il. Mais Armand Paruch insiste surtout sur le pouvoir décisionnel du chef d’exploitation qui doit rester entre les mains  de l’agriculteur. “Trop de montages financiers relèguent celui qui cultive à un rôle de simple salarié employé par une société… C’est la définition même de l’actif agricole qui est posée !”, renchérit celui qui milite pour des installations viables, mais surtout des installations
vivables. Car, comme tous ses concitoyens, il aspire à une qualité de vie équivalente à celle de ses concitoyens.

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