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Et si on s'associait pour se lancer ?

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Trouver un associé, c’est parfois l’opportunité de s’installer sur une exploitation. Toutefois, certaines dispositions sont

à prendre de part et d’autre avant de se lancer. Retour sur la journée des partenaires du PAIT du 25 janvier à Le Wast.

Travailler seul sur une exploitation, ce n’est pas donné à tout le monde. Certains agriculteurs cherchent donc à s’associer pour des aspects économiques, pour mieux organiser leur travail ou pour transmettre par la suite leur activité. C’est le cas de deux agriculteurs présents à une table ronde, le 25 janvier, à Le Wast (62) organisée par le Point accueil installation- transmission (PAIT) du Nord-Pas de Calais.

Préparer la transmission

« Mon frère partait à la retraite et je devais suivre quatre ans plus tard, raconte Philippe Daussy agriculteur à Marconnelle (62). Pour le remplacer, et peut-être prendre ma place plus tard, j’ai recherché un associé. J’avais en souvenir un commercial qui était passé il y avait quelques années. Il voulait s’installer mais n’avait pas d’exploitation. Même si je ne connaissais rien de lui, j’avais eu un bon feeling, je lui ai proposé de faire partie de la société. » Son côté volontaire, sympathique et sérieux avait plu à l’agriculteur. Quelques semaines plus tard, après plusieurs rencontres et un accord sur le projet à venir, les deux étrangers décident de s’associer. Pour le jeune, c’est l’occasion de s’installer. Philippe Daussy, lui, y voit l’opportunité de céder sa société, de transmettre son savoir-faire au fur et à mesure et de pérenniser
l’exploitation. « Avec mon frère nous voulions que l’exploitation reste vivante et qu’elle soit habitée, explique-t-il. Pour cela, je suis allé présenter aux propriétairesdes terrains mon futur associé et repreneur. Cela a beaucoup aidé dans son installation. »

Ne pas travailler seul

Pour Frédéric Lance, la motivation était tout autre. Avec son père, Régis, ils ont cherché des associés pour réaliser des économies de charges, mieux organiser son temps de travail et ne pas travailler seul lorsque Régis partirait à la retraite. « C’était aussi une manière de préparer ma transmission », confie Régis Lance.
Leurs associés, ils les ont trouvés grâce au recrutement de stagiaires et d’apprentis. Si pour Frédéric, l’association était une évidence, pour l’un de ses futurs associés François, c’était un peu moins le cas. « On nous proposait de reprendre une exploitation du village mais nous avions déjà assez de travail », se souvient Frédéric Lance. Pour pouvoir la reprendre, ils proposent à leur apprenti, « qui travaillait bien et qui était assez impliqué dans l’exploitation de s’associer. Mais pour lui, sa situation de salarié lui suffisait. À force de discussions, François s’est impliqué dans le projet et a fini par s’associer, non sans une certaine appréhension.» Depuis, chacun a trouvé sa place dans la société et la communication est devenue le maître mot des associés.

Avoir un projet commun

Quelle que soit la raison pour s’associer, il y a des étapes à suivre. S’installer en société, c’est d’abord se choisir. Choisir de travailler ensemble, de former un groupe et choisir d’avoir un objectif commun et un projet partagé. Avant tout il faut qu’un accord sur les besoins fondamentaux soit conclu : la productivité de chacun, la qualité de vie attendue, les horaires, etc. « Mais il ne s’agit pas d’avoir uniquement des objectifs communs, prévient Regis Desseaux, consultant pour Arc&Sens Développement et expert sur la question. C’est également s’entendre sur la vision de l’exploitation au jour le jour et sur la suite de cet
objectif. Il faut aussi que cette vision, certes commune, corresponde à celle individuelle. Que chacun s’y retrouve. Pour que cela dure dans le temps, il est important d’échanger sur la stratégie et l’objectif à atteindre régulièrement afin de s’assurer que l’on est toujours en phase
. »

Une prise de risques qui demande de bien communiquer

Outre l’entente, il y a aussi une place à trouver, chacun doit avoir la sienne. Tout cela demande du temps et de la communication. « Les cas de conflits n’interviennent jamais lorsque les conversations sont trop fréquentes, ironise le consultant. Le dialogue doit être perpétuel et se faire avec respect. Le but est de s’entendre sur le résultat attendu. Il faut aussi accepter que les choses soient faites, mais de
manière différente, et accepter le rythme de l’autre. Mais dans tous les cas, il ne faut pas rester avec quelque chose qui ne convient pas sans l’exprimer
. »
Le dialogue permet également de remettre à plat certains aspects pour s’assurer que l’équité est toujours respectée. C’est aussi l’occasion de renouveler le contrat de fonctionnement et d’adapter les objectifs et la stratégie. Pour cela, l’assemblée générale de la société doit être prise au sérieux. Dans tous les cas, les intervenants de la table ronde l’assurent : il est primordial de prévoir les litiges et d’intégrer qu’une association, c’est une prise de risques mais aussi une belle aventure.

Et le juridique dans tout ça ?

Une fois l’entente des associés assurée, la partie juridique et économique s’impose. « Avant de s’associer, il faut que le but soit défini. Ce peut être un besoin de travailler à plusieurs, de réduire les charges ou une tout autre motivation, rappelle Pauline Vermeulen, juriste en droit des affaires agricoles au CerFrance. Il est important de définir la forme juridique que prendra la société, la valeur de l’exploitation, et donc des parts, et se mettre d’accord sur une méthode d’évaluation et d’étudier les conséquences fiscales. » L’accès au foncier avec la transmission des baux et le financement restent les deux gros points à soulever rapidement.

Crédits :Lucie Debuire, journaliste à Terres et Territoires

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